Vous cheminez à raquettes ou à skis. Soudain, votre matériel casse ou vous vous retrouvez perdu, seul et sous-équipé… Voici ce que les spécialistes de la survie recommandent, afin que votre mésaventure ne se termine pas en tragédie...
Pas de panique !
« On dit à l'élève de s'asseoir, de se relaxer. Il faut décider de ce que l'on va faire... cela peut prendre 15 minutes ou une heure. Surtout, ne pas courir dans n'importe quelle direction ! », insiste John Di Fruscia, fondateur de l'École Manitou à Saint-Côme, dans Lanaudière.
« Demandez-vous quand vos proches vont réaliser que vous avez disparu. Ceci vous permettra de jauger le laps de temps pendant lequel vous allez vous retrouver avec vous-même », explique Anna Christensen, présidente de la compagnie Wilderness Alert, et auteure du guide « Misadventure : Rise to the challenge », que nous avons jointe à Vancouver. À retenir, sauf en cas de blizzard, on laisse des traces dans la neige…
« En se refroidissant, le cerveau humain s'engourdit et il n'y a aucun moyen de l'empêcher. Dans cet état, on est poussé à faire des choses potentiellement stupides. Il faut donc se préparer pendant qu'on en a la capacité. La constitution physique de l'individu, le type de vêtements qu'il porte, la température extérieure, la force du vent, le nombre de calories dans le corps, ainsi que l'état de fatigue, conditionnent la durée de la survie. Certains n'ont qu'une heure devant eux… », souligne Anna Christensen.
« Combattre l'humidité, c'est combattre le froid », résume Luc Poirier. Le président-fondateur d'Atout Plus, basé à Pointe-aux-Trembles, recommande de creuser un trou dans de la neige préalablement agglomérée en tas et durcie par le froid (technique dite « de Queenzy »). John Di Fruscia a imaginé, quant à lui, un type d'abri qu'il a baptisé le « tombeau ». « Le principe est de creuser un trou dans la neige, d'un mètre de plus que son corps, mais pas très large. Une fois que c'est fait, on tapisse le sol de branches de conifères sur une trentaine de centimètres de hauteur, puis on aligne des bouts de bois afin de couvrir le trou, mis à part sur une longueur d'un mètre. On y ajoute une soixantaine de centimètres de neige. Avec cette épaisseur, une température de -40°C à l'extérieur, monte à 0°C. Pour que l'air circule, ce qui est primordial si l'on fait du feu (le foyer sera alors placé dans l'espace non recouvert de branches), on enfonce une branche à l'endroit où sera notre tête. Tous les quatre ou cinq jours, on grattera les parois recouvertes de glace (ndlr, accumulée du fait de l'évaporation dégagée par notre corps et un éventuel feu). En effet, la glace n'isole pas, contrairement à la neige. »
Si possible, faire du feu
Les plus prudents auront pris soin d'emporter des petites bougies à réchaud, chacune durant de trois à quatre heures, selon Luc Poirier… et, par le fait même, de quoi les allumer. À défaut, on peut tenter de faire du feu en utilisant l'une des nombreuses techniques et variantes décrites dans les guides de survie. À signaler, comme le rappelle Luc Poirier, le bois recouvert de glace reste sec.
Ne vous épuisez pas
Construire un abri, chercher du bois, le couper, toutes ces activités représentent des dépenses énergétiques et donc, un surcroît de transpiration et une perte d'eau précieuse. Et, comme si ce n'était pas assez, « lorsqu'on respire à une température inférieure à zéro, on perd l'équivalent de plusieurs litres d'eau par jour », note Anna Christensen.
Boire
Il faut donc bien s'hydrater, d'autant plus que le froid anesthésie la sensation de soif. Le meilleur moyen pour ce faire : la neige. Mais attention, prévient le docteur Xavier Maniguet, auteur d'un best-seller, il ne faut pas la faire fondre dans la bouche, « afin de limiter la perte de calories », pour ne pas augmenter la sensation de froid et parce qu'il vaut mieux la faire bouillir si on le peut. Dans ce cas précis, laisser 5 minutes sur le feu. Si l'on n'a pas cette ressource, faire fondre la neige entre le corps et les mains. Gare néanmoins aux effets secondaires : crampes musculaires, diarrhée.
À surveiller : engelures et gelures
Les extrémités du corps et / ou les plus éloignées du cœur, quand elles sont exposées à des températures négatives, sont susceptibles de développer gelures et, plus grave, engelures. « En cas d'engelures, ne jamais percer les ampoules, ne pas frotter la partie atteinte (a fortiori sur la neige, ndlr) et ne pas l'exposer au feu », enjoint John Wiseman, vétéran des Special Air Service et auteur d'un guide remarquable. Les mains atteintes de gelures devront être placées « sous les aisselles ou entre les jambes ».
Signaux de détresse
L'objectif étant d'être retrouvé, facilitez la tâche aux « spotters » aériens en confectionnant des signaux de détresse. Dans l'hypothèse où vous ne pouvez faire du feu, disposez dans une clairière des bouts de bois assez grands pour être repérés. Un bâton à l'horizontale signifie « Requiers médecin » ; deux en parallèle, « Requiers médicament » ; deux autres en croix « Ne peux bouger » ; etc. Lexique fourni par Jean-Georges Deschenaux dans son guide pratique.
Prévenir, plutôt que guérir
En plus d'un kit de premiers soins, ne partez pas sans une trousse de survie. Et avant de vous enfoncer dans le bois, entraînez-vous « pour de faux » : organisez un après-midi, une journée ou même une nuit « survie » avec des amis. Vous apprendrez ainsi à manipuler les éléments de votre trousse en toute tranquillité. Et sans aller jusqu'à vous couper pour recoudre la plaie, essayez de fabriquer un abri ou d'allumer un feu, en gérant votre calme dans une urgence simulée !
Sources : http://www.laterredufutur.com/
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